Pour sa 6e édition consécutive, l’Obs/IN s’intéressera à la thématique de « l’image opératoire »
Obs/IN 2016 – « L’image opératoire »
Du 12 au 16 décembre 2016, Aix-en-Provence
Pré-programme
4 jours de workshop / rencontres professionnelles / résidences et expositions
Lundi 12 décembre 2016
9h00 accueil café –
9h30-12h30 : Introduction, présentation des 3 workshops et interventions théoriques sur la thématique de l’image opératoire
#1 Optique expérimentale
Intervenants : Julien Maire, ESADMM / Bruno Berge, Grenoble, France Cadet ESAAix
De la question des réalités générées au travers des protocoles de développement optique
Le mot allemand Zeitlupe qui se traduit littéralement en français par le temps vu à la loupe et qui est réduit à la terminologie de « ralenti » induit une notion plus particulière du temps qui se voit au travers de l’objectif. Cette traduction littérale offre une excellente application à d’une part l’analyse de la photographie, à d’autre part à l’image en général. L’enjeu qui traversera le workshop proposé est celui de la réalité perçue au travers d’un objectif dit altéré.
Il y sera question de différents protocoles expérimentaux de fabrications et d’application d’optique et ce au travers d’approches raffinées telles que les optiques liquides développées par Bruno Berge ou encore les optiques vibratoires de Jean-Pierre Beauviala, mise en oeuvre au bénéfice des caméras Aaton. Le workshop explorera également les optiques DIY : imprimées en stéréolithographie ou encore thermoformées.
Toutes ces expérimentations donneront à percevoir des réalités parfois diamétralement différentes. Elles constituent autant de vecteurs destinés à l’émergence de l’imprécis, de l’imperceptible et de l’insaisissable. Ce que nous nommerons les distorsions optiques feront l’objet d’une analyse critique et archéologique.
Une image augmentée
L’idée est d’expérimenter une image 2.0 du monde, une représentation élargie par un humain augmenté, grâce à une perception améliorée du monde, au-delà des 5 sens traditionnels admis (l’homme en possède bien plus en réalité), avec l’ajout d’un sens supplémentaire ou le développement d’un sens existant, par un dispositif tangible (prothèse électronique ou non, implanté ou non) qui peut être inspiré de la nature, ou des animaux, ou tout simplement de lois physiques. Par exemple: les implants de Moon Ribas qui la relient en permanence à l’activité sismique de la planète modifient ses chorégraphies qui font corps avec la nature, ou encore l’implant intracrânienne de Neil Harbisson relié à une caméra lui permet d’entendre les couleurs sur tout le spectre, de l’infrarouge à l’ultraviolet. Actuellement il expérimente même la visualisation directe, dans son cerveau, d’images envoyées par Internet. Il est intéressant de voir comment son eyeborg influence sa manière de faire de l’art. D’autres ont la volonté de devenir electrosensibles grâce à des implants magnétiques. Homme bionique, post-humain, neuro stimulation, implants magnétiques, comment ces avancées technologiques modifient notre perception du monde et en proposent une nouvelle image.
#2 New Atlantis
Intervenants : Peter Sinclair, Locus Sonus ESAAix / Grégoire Lauvin, ESAAix / + intervenant extérieur New Atlantis
New Atlantis (La Nouvelle Atlantide) est un univers virtuel partagé (multi utilisateur) en ligne dédié à l’expérimentation et à la création sonore. Contrairement à la plupart des univers virtuels où l’image prime, dans New Atlantis, c’est le son qui est mis en avant.
New Atlantis apporte un cadre ouvert pour des projets d’enseignement et de recherche à l’attention d’étudiants en nouveaux média pour explorer les relations entre le son, l’image 3D et l’interactivité. Il offre comme une plateforme pédagogique pour l’animation audiographique, la synthèse sonore en temps réel reliée à la physique des objets et la simulation acoustique. Is s’agit d’un ensemble d’espaces permettant d’organiser des installations sonores virtuelles, des concerts en ligne, des promenades sonores et d’autres expériences audiovisuelles.
#3 Workshop 3
Intervenants : Caroline Bernard, ENSP, Arles / Guillaume Stagnaro, ESAAix + intervenant extérieur (à définir)
12h30-14h : dejeuner commun
19h00 Obs/IN & OUT Vernissage de l’exposition des lauréats / rencontres & échanges / diner
Mardi 13 décembre 2016
//Workshops
Déjeuner libre
19h00 Obs/IN & OUT Soirée Networking et pitchs d’entreprises en lien avec la thématique.
Organisé par le Pôle ICP et le Pôle PRIMI.
Mercredi 14 décembre 2016
//Workshops
Déjeuner libre
19h00 Obs/IN & OUT Parole aux intervenants, autour de la thématique de l’Obs/IN et présentation de PRISM (Perception Réalisation Image Son Musique) // diner
Jeudi 15 décembre 2016
//Workshops
Déjeuner libre
19h00 Obs/IN & OUT Carte blanche aux étudiants (projections, performances…) // diner
Vendredi 16 décembre 2016
//Workshops
12h30-14h30 : déjeuner commun
14h30-17h : restitution pédagogique des workshops + conférence clôture par Anne Zeitz
Compte rendu de la création sonore et visuelle d’Henri Maquet et Florent Di Bartolo, le lundi 10 juillet 2O17 dans la cour de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie, pour les Suds à Arles.
Dans un nuage de pixels noirs et blancs, la tête d’un taureau flotte à la naissance des branches d’un arbre et attend les spectateurs. Il flotte, il ondule mais on a l’impression que d’une minute à l’autre il pourrait lui prendre l’envie de nous charger.
Henri Maquet et Florent Di Bartolo prennent position derrière leurs postes de commandes respectifs au centre de la cour de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie et le taureau s’évanouit.
La réunion des deux hommes vient de la volonté du festival Les Suds à Arles et de L’ENSP de créer ensemble un événement qui préfigurerait de l’esprit qui doit animer le FabLab que l’école va mettre sur pied dans ses locaux. Une fabrique d’idées, un laboratoire de rencontres, un espace où les élèves photographes pourront expérimenter avec des créateurs venus de la société civile. Yannick Vernet, le responsable du FabLab, a imaginé la cohérence possible entre le travail visuel de l’artiste numérique et chercheur enseignant basé en région parisienne, Florent Di Bartolo et la musique d’Henri Maquet qu’il a choisie parmi trois propositions des Suds, sans pour autant connaître la proximité du musicien avec le festival.
Seul arlésien des trois choix possibles, Henri Maquet symbolise l’avant garde du folklore provençal à travers ses différents projets, Bal Pop Tronic ou Delta Sonic. Tour à tour conférencier, maître de stage, ce musicien multi-instrumentiste est l’un de ceux auxquels le festival est le plus fidèle.
Une flûte déchire le silence. Au rythme de ses trilles, une myriade d’étoiles prend forme, les constellations peu à peu se densifient, se multiplient. Le rythme apparaît et incite un monde à naître. Vibrations sonores et visuelles font corps.
En quelques journées intenses de résidence, les deux artistes ont réussi à trouver un langage commun. Florent capte en direct des formes et des mouvements à partir d’une caméra à infrarouge Kinect, un modèle vendu en complément d’une console de jeu. Grâce à elle, il récupère un nuage de points qui indiquent des positions dans l’espace et lui permettent de reconstruire une image tridimensionnelle, qu’il traite et anime en s’aidant d’un programme informatique écrit par ses soins.
Henri Maquet utilise aussi bien des instruments traditionnels : flutes de roseaux, guitarron, percussions corporelles et voix, des technologies musicales contemporaines : looper, logiciels de musiques commandés à partir d’une tablette ou d’un téléphone, une gameboy et une calculatrice transformées en instrument de musique et l‘un des symboles futuristes des années soixante-dix : la guitare synthé.
Le taureau revient et se dédouble. Sans perdre le contrôle de son flux d’images Florent, a enfilé un masque de taureau argenté. Alors que les sons programmés suivent leur évolution, Henri pose cérémonieusement devant son visage un masque de taureau blanc. Minotaures, derrière et devant l’écran où s’animent des filaments de pixels noirs et blancs et accueillent la silhouette du musicien qui suggère la force de l‘animal. Il danse, se dirige vers le public comme dans une arène. Et l’on imagine que les formes qui vibrent sous nos yeux représentent peut-être ce qui défile devant le regard de la bête légendaire ou dans ses rêves. Parfois les sons électroniques mêlés aux voix décrivent ses râles et ses souffles.
A un moment on découvre d’autres paysages familiers, des animaux qui paraissent s’évaporer, des champs, d’autres arbres et d’autres taureaux, s’animent sur des rythmes païens.
Une voix enregistrée nous prévient qu’il y a eu un sabbat hypnotique à l’étang de Vaccarés. En coulisses, on a appris que les deux complices, accompagnés de deux élèves, Sara Szabo & Timothée Pugeault ont capturé des images additionnelles en Camargue. La voix nous dit aussi que l’histoire se déroule entre deux siècles que 600 ans séparent. Les musiques festives que Maquet triture, ont traversé l’histoire et elles sont tout aussi fières et fortes aujourd’hui dans leurs habits électroniques sur des pulsations jaillies d’une calculatrice 1 bit qui, nous dit-on, crache ses tripes et son âme.
Le public à chaque courte pause montre son enthousiasme. Il est si rare de conjuguer l’avant garde et le populaire sans perdre en route les qualités essentielles de l’un ou de l’autre. L’impression de nouveauté est joyeusement et collectivement ressentie.
Près du terme du spectacle Henri dépose son masque sur la tête d’une femme dans le public. Ainsi coiffée elle devient à son tour Minotaure. Elle s’avance vers l’écran en dansant. Son corps suit non seulement les indications musicales mais épouse aussi les ondulations des pixels. Le numéro semble parfaitement calé, sauf qu’il n’y a pas de numéro et seulement le fruit d’un hasard un peu magique. Henri a masqué sans la connaître Fanny Brancourt, une danseuse semi professionnelles venue à Arles suivre un stage pendant le festival.
Pour finir, un morceau composé autour d’un reportage, réalisé par Antoine Chao, instigateur de la radio du festival, nous ramène à la réalité. Une musique grave, belle et obsédante, habille des propos collectés lors des manifestations qui ont conduit à la mort du militant Remy Fraisse mais aussi à l’arrêt du projet contesté de barrage à Sivens.
A l’écran des formes défilent comme lorsque l’on rentre à la maison dans un véhicule qui traverse la Camargue.
Les mouvements s’arrêtent, le voyage est à son terme. Dans une semi-obscurité, les minotaures nous saluent depuis le centre de l’arène. Ils ont gagné leur combat, leur défi. Et la passionnante cinquantaine de minutes qu’aura duré ce spectacle s’achève sur des applaudissements et des vivats longs, nourris et sincères.
Benjamin MiNiMuM