Un projet de recherche sur la Blockchain et la création artistique
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un programme de recherche «blockchain of love» initié par le laboratoire PAMAL (Preservation & Art – Media Archaeology Lab) de l’École Supérieure d’Art d’Avignon (ESAA) et financé par le ministère de la culture. Il est le fruit d’une collaboration entre l’École Supérieure d’Art d’Avignon, l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre (Bruxelles), l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, l’École Supérieure d’Art et de Design de Grenoble-Valence, le pôle numérique de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et l’université de Nîmes.
L’Obs/IN
L’Observatoire des pratiques de création de l’image numérique (Obs/IN) a été fondé en 2011 à l’initiative de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, l’Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence et de l’IUT d’Arles dans le but de créer une synergie nouvelle entre les différents acteurs du développement de l’image numérique : théoriciens, industriels et artistes numériques. L’Obs/IN rassemble lors d’événements des chercheurs, des ingénieurs, des artistes qui partagent tous la même envie d’inventer, autour de l’image et du numérique, un concept nouveau de la recherche.
Pour sa huitième édition, l’Obs/IN, lieu d’échanges et de réflexions, poursuit son exploration des pratiques de création des images numériques. Après les problématiques du codage, décodage et transcodage (2011), de l’immersion (2012), de l’en-Jeu [vidéo] des images (2013) du temps réel (2014) ; des « images opératoires » (2015 et 2016) ; de la « data » en 2017, l’Obs/IN a souhaité cette année aborder la question de la «blockchain».
Programme du workshop
Lundi 19 novembre
10h00 – 10h15 : Ouverture de l’Obs/IN
10h15 – 11h00 : Introduction à la Blockchain par Mickael Bouillot
11h00 – 12h00 : discussion
12h00 – 14h00 : déjeuner (traiteur)
14h00 – 17h00 : workshop
Mardi 20 novembre
10h00 – 12h00 : workshop
12h00 – 14h00 : Déjeuner libre
14h00 – 17h00 : workshop
20h00 – 20h30 : conférence Fabien Vallos (philosophe et enseignant à l’ENSP) sur la question de l’original et la matérialité
20h30 : Diner (traiteur)
Mercredi 21 novembre
10h00 – 12h00 : workshop
12h00 – 14h00 : Déjeuner (traiteur)
14h00 – 17h00 : workshop
Jeudi 22 novembre
10h00 – 12h00 : workshop
12h00 – 14h00 : Déjeuner libre
14h00 – 17h00 workshop
17h00 – 20h00 jeu collectif sur Gamelan – désigne, à Java et à Bali, des orchestres où prédominent les instruments de percussion en bronze – encadré par Henri Maquet (Musicien poly-instrumentiste, musicologue, ethnomusicologue, luthier, compositeur…)
20h30 : Diner (traiteur)
Vendredi 23 novembre
10h00 – 12h00 : workshop
12h00 – 14h00 : Déjeuner (traiteur)
14h00 – 17h00 : workshop
Programme de la restitution
Samedi 24 novembre
10h00 : Accueil & ouverture de la journée
10h15 – 11h00 : Intro dialoguée : Marie Lechner (responsable de programmes artistiques à la Gaîté Lyrique) + Alexandra Giannopoulou (C.N.R.S/Univ Amsterdam)
11h00 – 11h30 : Restitution 1er groupe sur Original
11h30 – 12h00 : Rapport d’étonnement par Jean-Paul Fourmentraux (A.M.U)
12h00 – 12h30 : Présentation par Sébastien Thon (A.M.U)
12h30 – 14h00 : Déjeuner (traiteur)
14h00 – 14h30 : Restitution 2ème groupe sur Identité
14h30 – 15h00 : Rapport d’étonnement par Laurence Allard (Universités de Lille et Paris 3)
15h00 – 15h30 : Restitution 2ème groupe sur Matérialité
15h30 – 16h00 : Rapport d’étonnement par Quentin Destieu (Dardex / Gamerz)
16h00 – 16h30 : Conclusion par Emmanuel Guez et Yannick Vernet
Site internet : http://observatoireimagenumerique.com
hashtag de l’événement : #obsin18
La blockchain
“Inventée” en 2008 par Satoshi Nakamoto (nul ne sait s’il s’agit d’une personne, d’un collectif, voire d’un logiciel), la blockchain (chaîne de blocs) est un protocole de stockage et de transmission d’informations sans autre organe de contrôle qu’un réseau d’ordinateurs. Elle peut être décentralisée ou centralisée. Initialement pensée pour une monnaie (le Bitcoin), elle repose sur l’encryptage (ou hachage) de données organisées en blocs indissociablement liés les uns des autres. Leur contenu est vérifiable par tous les ordinateurs du réseau et la moindre modification d’un contenu est immédiatement repérée par la chaîne de blocs. Une blockchain est un registre planétaire d’inscription et de stockage de données, dont l’objectif est de servir de preuve inaltérable à tout type de transactions ou d’archives. Comme c’est le cas de tous les média techniques, la blockchain n’est pas neutre aussi bien sur le plan politique, économique que culturel.
Le PAMAL et ses partenaires proposent une auscultation futurologique, médiarchéologique et artistique de la blockchain. Le programme (BLOCK)CHAIN OF LOVE vise à déterminer ce que la blockchain comme agent non-humain fait déjà et fera au processus de création et de conservation des œuvres d’art numériques.
Il s’articule autour de trois axes de recherche :
- Le retour de l’original ? Avec la photographie, le gramophone, le film puis l’ordinateur, médium de tous les média, où tout contenu (image, son, texte, geste…) est réductible au code binaire, une œuvre d’art est reproductible à l’infini : les concepts d’originalité, d’unicité et d’authenticité de l’œuvre d’art sont devenues une question et un problème (Benjamin, Heidegger). L’inscription des œuvres numériques au sein d’une chaîne de blocs pourrait signifier le retour de l’unicité de l’oeuvre dans l’espace et le temps. Au sein de la chaîne de blocs, tout contenu comprend un en-tête identifiant son auteur (par une clef d’identification) et la date d’encryptage. Est-ce le retour de l’original ? S’agissant de la seule conservation-restauration des œuvres d’art numériques, que faut-il penser de l’émulation, simulation ou recréation des œuvres, autant de stratégies aujourd’hui dominantes dans le monde de l’art numérique et qui reposent justement sur la reproductibilité du code de l’œuvre?
- La fin de l’anonymat ? Le Web permet d’anonymiser les contenus (avec, certes, une difficulté croissante depuis les années 1990) et autorise de fait la réappropriation infinie des contenus, laissant penser que la mort de l’auteur, thématisée tout au long du XXe siècle, est devenue réalité. Les premiers acteurs de la chaîne de blocs se sont inscrits dans cette utopie du Web, une logique d’anonymat et de partage, d’écriture collective et horizontale, notamment lors de la création du Bitcoin. Mais en réalité la chaîne de blocs permet d’identifier tous les propriétaires. Est-ce la mort de “La mort de l’auteur” ? Oui et non. Oui, tant l’identification devient inviolable avec la chaîne de blocs. Non, car cette inviolabilité est garantie par les machines et non par les humains. L’auteur a désormais pour condition de possibilité (archéologique) le réseau qui devient en quelque sorte “l’auteur de l’auteur”.
- Comment la matière absorbe-t-elle une chaîne de blocs ? Quels signaux les antennes des artistes et des designers captent-elles de la blockchain ? Dans quelle mesure la chaîne de blocs est-elle un médium artistique ? Quelle imagerie et quel imaginaire produit-elle ? Quels sons génère-t-elle ? Quels effets produit-elle sur les corps, l’écriture, le vivant et les matériaux ? Couplée à l’intelligence artificielle, quel rapport le réseau entretiendra-t-il avec les humains et avec les autres média techniques ? Quel impact éco-médiarchéologique ?
“Inventée” en 2008 par Satoshi Nakamoto (nul ne sait s’il s’agit d’une personne, d’un collectif, voire d’un logiciel), la blockchain (chaîne de blocs) est un protocole de stockage et de transmission d’informations sans autre organe de contrôle qu’un réseau d’ordinateurs. Elle peut être décentralisée ou centralisée. Initialement pensée pour une monnaie (le Bitcoin), elle repose sur l’encryptage (ou hachage) de données organisées en blocs indissociablement liés les uns des autres.